Pour 2014, certains tablaient sur une reprise tandis que d’autres anticipaient une chute libre de l’activité du secteur du Bâtiment, en réalité ce sera plutôt un compromis entre les deux. En effet, la FFB (Fédération française du bâtiment) prévoit une stabilisation assortie d’une légère baisse, chiffrée à –0,4%, ce qui pourrait s’expliquer par une tendance à la consolidation dans le logement neuf.
À l’occasion du point de conjoncture de l’organisation professionnelle, Didier Ridoret, président de la FFB a confirmé ces prévisions « C’est une situation de stagnation qui se dessine pour 2014, avec une baisse d’activité de -0,4% ». Atteinte par un recul important des permis de construire, l’activité du bâtiment s’équilibre en revanche grâce à une stabilisation des mises en chantier dans le secteur du logement neuf. Ainsi, depuis octobre 2013, le rythme annuel des mises en chantier dans le neuf s’est établi autour de 340000 unités.
Pour revenir aux permis de construire, on assiste à un glissement annuel sur trois mois à fin janvier 2014, soit une baisse de -18%, ce qui équivaut à un recul deux fois plus important que celui qui touche les mises en chantier. De ce fait, ce recul est une répercussion directe du contrecoup qui frappe un stock d’autorisations accumulées depuis 2011 jusqu’à 2013 et non exécutées, ce qui aboutit à un dégonflement.
Par ailleurs, on note une augmentation des écarts entre collectif et individuel, au sujet du logement individuel, on observe une progression de la dégradation, en particulier sur les mises en chantier. Concrètement, on relève une baisse de -12,4% en glissement annuel sur trois mois, contre -7,1% sur six mois, -5,6% sur neuf mois et -5,9% sur douze mois.
Les perspectives s’assombrissent à l’heure où le nombre d’autorisations dégringole, avec -32% en glissement annuel sur trois mois, contre -30% sur six mois, -27,6% sur neuf mois et -18,2% sur douze mois. Un constat alarmant, en contradiction avec des conditions climatiques plus clémentes que l’année passée, ce qui s’est traduit par une baisse du nombre de délivrances de PTZ+ en 2013 (40200 en rythme annuel sur la base des trois premiers trimestres, une disparité marquée en comparaison des 80900 en 2012 et 95400 en 2011). Interrogé sur ces chiffres, Didier Ridoret soutient que « la reprise dans le secteur ne peut passer que par un nouvel essor de la primo-accession à la propriété. Seul un dispositif aussi puissant que le PTZ+ originel, avec ses longs différés pour les tranches de revenus modestes et intermédiaires, permettrait ce retour en grâce ».
Le collectif s’avère plus résistant que l’individuel, toutefois les mises en chantier poursuivent leur perte de vitesse, soit -6,8% en glissement annuel sur trois mois et -5,5% sur six mois. Cependant, rappelons que le recul des autorisations s’amenuise, (de -12,2% en glissement annuel sur douze mois, -14,6% sur neuf mois, -10,8% sur six mois et enfin -0,8% sur trois mois) une tendance positive, considérant l’absence de rebond social et fiscal à la fin de l’année dernière.
Le non résidentiel neuf affiche une baisse globale, divergeant en fonction des différents segments du marché. Une modération du recul des autorisations est néanmoins à relever, avec -11,1% en glissement annuel sur trois mois, qui tranche avec les -15,4% sur six mois, -15% sur neuf mois et -14,6% sur douze mois. Quant à la baisse des surfaces mises en chantier, elle affiche une faible évolution, avec -3,8% en glissement annuel sur trois mois, contre -0,5% sur six mois, +2,2% sur neuf mois et enfin +3,4% sur douze mois.
Parallèlement, le secteur de l’amélioration-entretien est marqué par quelques soubresauts, à mettre sur le compte du flou qui entoure les champs et règles d’application des taux réduits de la TVA. Interrogé au sujet d’un possible effet positif de l’éco-conditionnalité sur cette tendance, Didier Ridoret assure qu’ « il n’y a pas de corrélation ente l’éco-conditionnalité et le développement des travaux. Par contre la communication qui a été faite autour permet de construire une dynamique, un coup d’accélérateur. Ce que nous attendons, c’est un grand mouvement de formation. FEE Bat est pris d’assaut aujourd’hui, ce qui nous laisse penser que nous allons former d’ici à juillet, mais bien au delà, en 2015 et 2016. À nous de transformer cette aide de communication et de qualification en proposant une offre structurée et visible ».
Concernant l’obligation de travaux de rénovation énergétique, le discours tenu ne permet pas d’incertitude, il s’agit de ne pas mettre en place d’obligation à proprement parler, susceptible de mettre les ménages en difficulté et qui « entraînerait un encadrement des prix et des résultats ». À l’inverse, la FFB défend une « meilleure arme car plus convaincante et moins contraignante (…) Nous sommes favorables, par contre, à la solution qui consisterait à embarquer les travaux d’économies d’énergie dans les travaux d’entretien d’un bâtiment comme le ravalement ou la réfection de toiture, solution qui s’accompagnerait d’un passeport énergétique, sorte de mode d’emploi du logement, indispensable pour suivre les travaux dans le temps. La mise en place d’un EcoPTZ sécable nous semble aussi une piste intéressante », poursuit le président de la Fédération française du bâtiment.
Le traditionnel point de conjoncture de la FFB a, malgré les obstacles actuels et la tendance à la baisse, permis de relever l’attractivité de la filière. Ainsi, le taux de créations d’entreprises illustre cet état de fait, avec +18,8% en 2013, de même que la réussite de l’ESJDB (École supérieure des jeunes dirigeants du bâtiment).