Deux études préparatoires d’une loi de programmation sur l’énergie ont identifié la transition énergétique comme un levier potentiel de création d’emplois, ainsi ce sont près de 150000 emplois qui pourraient être générés par cette transition.
Marc Jedliczka, vice-président du réseau Cler et porte-parole de plusieurs ONG explique « Les deux études se sont basées sur des scénarios prospectifs, avec des méthodes très différentes, et arrivent à des ordres de grandeur similaires »
Deux scénarios prospectifs ont été analysés par l’étude OFCE-Ademe, d’une part celui exploré par l’ONG négaWatt et d’autre part, celui de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Les deux aboutissent aux mêmes conclusions, c’est-à-dire la création de 745000 à 825000 emplois d’ici à 2050.
La rénovation thermique apparaît alors comme étant le premier pôle de création d’emplois dans le cadre de la transition énergétique. Quant au secteur des énergies renouvelables, les deux études concluent à une création de près de 150000 emplois et ce, dès 2020. Toutefois Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables rappelle la nécessité d’un soutien réglementaire et financier.
Il est important de préciser que les calculs aboutissant à ces conclusions intègrent les emplois directs comme induits, ce qui désigne des emplois générés par l’argent réinjecté dans le circuit économique plutôt qu’englouti dans les importations d’énergies fossiles qui, à titre d’exemple, s’élevaient à 60 milliards d’euros en 2012.
L’optimisation de l’efficacité énergétique constitue un enjeu de la transition, au même titre qu’une dépendance amoindrie aux énergies fossiles et au nucléaire.
L’autre étude, dirigée par Philippe Quirion, économiste du CNRS-Cired est calquée sur le scénario de négaWatt et table sur une création de 632000 emplois positifs d’ici à 2030.
Les conclusions de négaWatt s’avèrent être les plus radicales du DNTE (Débat national sur la transition énergétique) et impliquent une diminution importante de la consommation d’énergie, combinée à un développement massif des renouvelables et à une sortie du nucléaire d’ici à 2033.
Denis Baupin, député EELV (Europe écologie les verts) insiste « La transition énergétique est pertinente du point de vue environnemental mais aussi du point de vue de l’emploi, voilà le message (…) Quand on regarde les 390000 emplois dans les énergies renouvelables en Allemagne, nous ne sommes plus dans la théorie »
Quant à la situation française, Jean-Louis Bal indique qu’à l’heure actuelle la stabilité est de mise, l’éolien et le photovoltaïque perdent des emplois à peine compensés par les créations dans le secteur du bois et du biogaz.
Pauline Mispoulet, en tant que représentante du Gesec (Groupement de PME des secteurs énergie, eau, bâtiment et d’industriels) regrette « qu’à ce jour, le marché de la transition énergétique n’existe pas car les clients sont dubitatifs sur les bons choix à faire (…) Il y a une sensibilité mais une difficulté à passer à l’acte. »
Cette dernière milite pour une action plus forte de la part des pouvoirs publics, ajoutant « L’Etat est ambivalent (…) avec sa casquette de promoteur de la transition énergétique et celle d’actionnaire de producteurs d’énergie soucieux de garder leurs monopoles ».
En guise de conclusion, Pauline Mispoulet rappelle « Du coup, les PME, où réside le potentiel de créations d’emplois, ont peu voix au chapitre de la transition énergétique »