Une étude menée conjointement par l’ADEME, le CAH (Club de l’Amélioration de l’Habitat) et le BIIS (Business Information Intelligence Services) sur le marché de la rénovation énergétique a dressé un bilan de la campagne 2011 de l’étude OPEN (Observatoire Permanent de l’amélioration Énergétique du logement). Celle-ci a également intégré les résultats de la campagne 2009 de l’Observatoire des travaux des bâtiments existants.
Les informations recueillies par l’étude OPEN de l’ADEME émanaient d’industriels et touchaient à diverses problématiques telles que celle des enjeux environnementaux où encore celles concernant les mutations sociales et économiques. Elle-même s’étant inspirée d’études antérieures, elle a permis d’identifier trois axes applicables aux politiques futures.
À commencer par l’identification de pratiques dédiées à l’amélioration énergétique, puis l’analyse de ces pratiques pour en cerner les plus plausibles et réalisables. Enfin, la dernière renvoie à la quantification du marché des équipements et matériaux requis pour cette réalisation.
La prise en compte de l’offre et de la demande au cours des différentes campagnes, de 2007 à 2011, s’est faite sur les thématiques d’amélioration énergétique des logements des ménages et des activités énergétiques des professionnels et industriels.
L’étude a analysé les dépenses engagées en 2010 pour la rénovation des logements, prise en comparaison de celles des travaux réalisés dans un but d’amélioration énergétique. Il en ressort que 37,1% des travaux ont eu un réel impact énergétique sur la totalité des dépenses engagées (14,285 milliards d’euros). L’étude BIIS – Observatoire des travaux, campagne 2011, révèle ainsi que plus d’un tiers des travaux portant sur le parc immobilier de logements français ont contribué à l’amélioration énergétique.
L’étude identifie le crédit d’impôt introduit par le gouvernement comme principale impulsion de ces travaux.
Cette dernière a dressé une liste des travaux les plus susceptibles d’avoir un impact énergétique, sans surprise c’est la pose de portes ou fenêtres extérieures isolantes qui arrive en première position, avec 15,5% de parts de marché. Suivi par la rénovation de l’installation principale de chauffage, avec 10,3% de parts de marché, puis l’isolation des murs, plafonds, planchers et combles (6,3%). La rénovation des toitures avec isolation par l’extérieur prend la quatrième place du classement avec 3,1% de parts de marché, enfin la réhabilitation des façades avec isolation par l’extérieur occupe la dernière place, avec 2% de parts.
Néanmoins, il est important de préciser que l’évolution des travaux ne semble pas être la même que celle suivie par l’engagement des dépenses des ménages. En effet, entre 2008 et 2010, les travaux privilégiés sont les façades, avec 64,2% d’augmentation, tandis que l’isolation intérieure du logement affiche 8,6% seulement de croissance. Quant à la réhabilitation du mode de chauffage, elle a sensiblement chuté avec -14,7% des dépenses.
Selon les industriels interrogés, différents facteurs rentrent en ligne de compte pour expliquer cette tendance. En particulier en ce qui concerne les récentes innovations industrielles, à commencer par les ouvertures/ fermetures, l’isolation thermique et phonique avec l’apparition du triple vitrage où encore les matériaux isolants intérieurs (mousse polyuréthane expansive pour l’isolation des combles).
D’autre part, un rapport opéré entre performance énergétique des travaux réalisés et budget alloué permet une certaine interprétation des résultats de l’étude. Ainsi, trois niveaux de rénovation d’efficacité énergétique ont été identifiés.
Ils sont répartis comme tel : une étoile correspond au niveau minimum, soit la rénovation des parois opaques sans isolant ou les couvertures classées minimum performance, voire la réhabilitation du mode de chauffage classé minimum performance. Ensuite, la désignation deux étoiles renvoie au niveau médian relatif aux travaux d’isolation et/ ou l’évolution du mode de chauffage vers un niveau médium ou optimum. Enfin, trois étoiles désignent le niveau optimum correspondant à un effort important réalisé en matière d’isolation (dont les façades, toiture, intérieur, ouverture/ fermeture) et de performance du mode de chauffage.
Concernant le niveau médian, il a connu une forte évolution, notamment en 2010 ou il a concerné 71,4% des travaux réalisés. Une évolution qui peut être apparentée à celle des motivations des ménages, celles-ci se concentrent de plus en plus sur l’allègement de la facture et l’obtention d’un certain impact énergétique.
Le secteur le plus lourdement touché en 2010 demeure celui du chauffage, relevant des conditions climatiques d’un maillage territorial et tributaire de l’évolution des énergies en région. On peut observer que le chauffage gaz et fioul équipe près de 366000 logements et 21,3% des logements rénovés cette année là. Les ménages semblent plus enclins à adopter une chaudière à condensation plutôt qu’une chaudière standard ou à basse température.
Cependant le chauffage électrique n’est pas en reste, avec 330000 logements concernés, 15,9% des rénovations ont opté pour de nouveaux convecteurs ou radiateurs à inertie. Le chauffage biomasse ou bois concerne près de 155000 logements mais les travaux s’appliquent davantage à la pose ou rénovation de poêles à bois, cheminées ou inserts.
Au sujet du niveau de performance visé, il semble équilibré, avec 34,2% des logements ayant subi une rénovation pour un niveau optimum, 33,1% pour un niveau médium et 32,7% pour un niveau minimum.
Les industriels ont relevé, pour l’année 2010, une baisse conséquente de leurs livraisons de matériaux ou d’équipements de chauffage (individuel particulièrement). Toutefois, les extracteurs statiques, stato-dynamiques et basse pression, les pompes à chaleur air-air, les thermostats d’ambiance et régulateurs de chauffage individuel, ainsi que les chaudières à condensation Gaz et Fioul demeurent les équipements de chauffage individuels les plus vendus.
Plus de 130 millions d’euros ont été générés par les professionnels du bâtiment en 2010, en première place vient le poste « Agencement » ou isolation par l’intérieur (maçonnerie générale/ gros oeuvre, plâtrerie, vitrerie et peinture). Suivi de près par le poste « Toiture » (maçonnerie générale/ gros oeuvre, couverture par éléments, travaux de charpente), enfin le poste « Chauffage » se place en troisième position et concerne des travaux d’installation thermique et climatisation, d’eau et de gaz ou d’électricité.
À noter également que les artisans ont posé nombre de chaudières à gaz/ fioul et ont réalisé quantité de travaux d’entretien ou d’installation de chaudières à bois, mixte ou par biomasse.
43% de logements anciens récemment achetés ont subi des travaux de rénovation énergétique, ce qui représente une hausse de 16,2% entre 2008 et 2010. À présent, il faut observer si cette tendance se confirme dans les années à venir en fonction des initiatives de l’État.
Une définition plus claire et transparente des dispositifs d’incitation à la rénovation énergétique semble nécessaire, maintenus et soutenus par les industriels, professionnels et pouvoirs publics pour convaincre le propriétaire. Mais l’intérêt de cette étude réside dans la mise en lumière de l’aveuglement des ingénieurs au sujet de la mesure réelle des baisses d’émission de CO2 après des travaux de rénovation.