Ce mardi 29 octobre au matin, à Matignon, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a reçu les acteurs concernés par la mise en œuvre de l’écotaxe. Ainsi, les ministres et élus bretons investis dans cette mesure font face à une hostilité grandissante en Bretagne. En effet, samedi 26 octobre dernier, près d’un millier de manifestants se sont heurtés aux CRS à Pont-de-Buis dans le Finistère.
Ceux-ci s’étaient donnés rendez-vous autour du dernier portique en fonctionnement sur la RN 165, la prochaine manifestation est prévue à Quimper le samedi 2 novembre. Suite à ces protestations, le gouvernement craint des débordements plus massifs et tente de renouer le dialogue.
Un retour à la normale semble compromis, les détracteurs de l’écotaxe exigent son annulation pure et simple, tandis que le Medef a pris part au débat depuis lundi. Celui-ci met la taxe poids-lourds et la taxe à 75% sur les très hauts revenus dans le même panier, demandant de « surseoir à l’entrée en vigueur de ces nouvelles taxes ou de supprimer les plus dangereuses d’entre elles ».
Du côté des élus UMP, la position est plus tranchée, ils réclament l’abrogation de la taxe, la même taxe qu’ils avaient votée sous la précédente majorité, et pointent les revirements du gouvernement. Ils ont par ailleurs annoncé qu’ils boycotteraient la réunion de Matignon.
Le Premier ministre, manifestement mécontent de la récupération par la droite de la révolte bretonne, se dit « en furie » et identifie cette action comme une tentative de barrage à l’entrée en vigueur de l’écotaxe « On finirait par croire que c’est nous qui avons décidé cette taxe. Les entendre me faire la leçon, ça me met en furie ».
Cette attaque était plus particulièrement adressée à Jean-Louis Borloo, l’auteur du projet de loi, qui réclame à présent sa remise à plat, Jean-Marc Ayrault a été jusqu’à l’accuser de « malhonnêteté intellectuelle » vis-à-vis du gouvernement en place.
Quant à la situation explosive en Bretagne, le Premier ministre appelle à ne pas « être sur la défensive » ajoutant « Il y a manifestement un problème spécifique à la Bretagne pour les professions agricoles et agroalimentaires. Le modèle agroalimentaire breton est à bout de souffle. On en paye aujourd’hui les conséquences. Il faut partir de ce constat. »
Hier, lundi 28 octobre, Stéphane Le Foll, Frédéric Cuvillier et Guillaume Garot, respectivement ministres de l’agriculture, des transports et de l’agroalimentaire, ont fait remonter leurs préconisations au Premier ministre. Les arbitrages ont continué jusqu’à 10 heures mardi matin, preuve de la sensibilité du dossier.