Mercredi 2 avril 2014 à 16 heures, la passation de pouvoir entre Philippe Martin et Ségolène Royal s’est tenue à l’hôtel de Roquelaure. Nommée ministre de l’Écologie du Développement durable et de l’Énergie le matin même, Ségolène Royal succède ainsi à Philippe Martin. Celui-ci a employé le terme « bonheur » pour évoquer son mandat qui aura duré neuf mois « jour pour jour ». Il s’est dit empreint d’une certaine « fierté » quant à plusieurs mesures engagées par son ministère, telles que l’instauration de la contribution climat-énergie.
L’ancien ministre s’est également félicité de la rédaction de la loi sur la transition énergétique, objectif majeur du nouveau gouvernement, mais aussi de sa fermeté assumée envers les « lobbys internes et externes » sur le gaz de schiste. On rapporte qu’il aurait décliné une nomination à un poste de secrétaire d’État, ce qui ne l’a pas empêché d’assurer « son soutien » et son « enthousiasme » à S. Royal qui voudrait faire de la France la première puissance écologique d’Europe.
Dans son discours de passation, P. Martin a témoigné sa gratitude à Jean-Marc Ayrault « Premier ministre socialiste et de gauche » pour lui « avoir fait confiance en le nommant et en le soutenant en toutes circonstances (…) Pendant ces neuf mois, loyalement et discrètement, ce que je ne regrette pas, j’aurais essayé de faire progresser des convictions auxquelles je suis viscéralement attaché ». Il a, par ailleurs abordé le thème de la précarité énergétique « Je forme le vœu que Ségolène Royal puisse obtenir les mesures d’adaptation qui s’imposent pour aider les familles modestes à s’inscrire dans la transition écologique ».
Le conseil des ministres du 26 mars avait été l’occasion d’examiner trois projets de loi qui seront prochainement à l’étude au Parlement, l’un sur la biodiversité, l’autre sur le code minier et le dernier relatif à la loi sur la transition énergétique. Quant à cette loi, P. Martin a assuré qu’elle était « désormais prête » et s’est dit « heureux aussi que la logique du maintien de l’énergie dans le périmètre du ministère ait été préservée. »
Il a poursuivi, et fait part de son « plaisir » de transmettre le ministère à sa successeur et insisté sur le changement de cap du camp socialiste « Ce qui m’a le plus troublé dans les jours que nous venons de vivre, c’est qu’on a pu envisager un temps revenir à l’époque ou les socialistes déléguaient l’écologie aux écologistes. Désormais les socialistes ont développé leur propre doctrine, la social-écologie. ». Dans la conclusion de son discours, il a réaffirmé son soutien envers la nouvelle ministre de l’Écologie « Mon enthousiasme à vous soutenir commence dès aujourd’hui », un soutien qu’il aura l’occasion de faire valoir à l’occasion des mesures que celle-ci s’attèlera à mettre en œuvre.
Cette dernière a rappelé sa « passion pour l’écologie », abordant le sujet des trois piliers du développement durable dont elle fera sa priorité. À commencer par « le progrès économique » générateur d’emploi et de croissance verte, puis le « progrès social, le bien-être et le pouvoir d’achat » pour conclure sur le « progrès écologique ». Elle s’était déjà positionnée sur certaines questions énergétiques et environnementales, notamment la question du nucléaire, qu’elle avait qualifiée d’ « énergie d’appoint » dans un questionnaire que Greenpeace lui avait fait parvenir en 2011. Elle avait tablé sur une sortie du nucléaire à « échéance de 40 ans maximum » via une « réduction de la part du nucléaire à 50% de la production d’électricité avant 20 ans », François Hollande avait placé cette échéance à 2025.
Quant à l’extraction d’énergies non conventionnelles à moyen terme, elle s’y était opposée dans le questionnaire de Greenpeace, « au vu des techniques disponibles ». Elle avait marqué une nette préférence pour l’élaboration de procédés d’extraction plus propres et la préservation de ces énergies non renouvelables « pour les générations futures. Dans cet esprit, il est nécessaire de poursuivre la recherche sur les énergies alternatives et les procédés d’extraction propres à long terme. Mais des alternatives sont possibles, pour lesquelles il faut développer la recherche et les aides à la création de filières » a-t-elle ajouté.
Enfin, en ce qui concerne la contribution climat-énergie, la ministre de l’Écologie s’était opposée à ce « nouvel impôt pesant sur les ménages modestes et moyens, tel que l’a proposé la droite, tant qu’une réelle alternative leur donnant le choix n’existe pas »